UPE2A are teaching classrooms for non-French speaking students who have recently arrived in France. In the Hauts de France, they are most often located in former industrial cities such as Tourcoing, Roubaix, Lille and Dunkerque. Children are of different ages, nationalities and grades. In addition to their inclusion in «ordinary» classes, they benefit, according
to their profile, from a volume of hours with a specialized teacher.
My students are Remus, Esmeralda, Odilio, Sokna, Khadija or Adel. They come from Romania, Algeria, Turkey, Syria, Italy or Surinam. They learn French, as a language to communicate, as a language to learn too. They built their own relationship with school as an institution and with language, some of them having pursued a normal school curriculum in their country of origin, some others having never attended school, and some having lived war or successive migrations.
During two school years I photographed them, at work or during workshops. Two years during which the relationship that can not be bounded to simple words has also been developed through the look and the introduction of image.
Two years with multiple challenges: learning to speak, read, write, count in a language they do not know; to develop and acquire a positive image of themselves in a context where
one is perceived as carrying difficulties; to gradually accept a new nascent identity, to make it their own.
Two years, sometimes less, during which class space became a place of transit that one makes their own, a space where diversity is accepted as a norm, a place marking the passage from being a migrant child to a pupil like any other.
Les UPE2A sont des dispositifs d’enseignement accueillant des élèves non francophones arrivés en France récemment. Dans les Hauts de France, elles sont le plus souvent implantées dans des villes anciennement industrielles telles que Tourcoing, Roubaix, Lille mais aussi Dunkerque ou Denain. Les enfants y sont d’âges divers, de nationalités et de niveaux scolaires différents. Parallèlement à leur inclusion dans des classes « ordinaires » ils bénéficient selon leur profil d’un volume d’heures avec un enseignant spécialisé.
Mes élèves s’appellent Remus, Esmeralda, Odilio, Sokna, Khadija ou Adel. Ils viennent de Roumanie, d’Algérie, de Turquie, de Syrie, d’Italie ou du Surinam. Ils habitent à Roubaix, quartier de la Fosse aux chênes situé entre l’Alma et l’Union. Ils apprennent le français, celui pour communiquer, celui pour apprendre aussi. Ils entretiennent un rapport à l’école et à la langue qui leur est propre, certains d’entre eux ayant poursuivi un cursus scolaire normal dans leur pays, d’autres n’ayant jamais fréquenté l’école, d’autres encore ayant vécu la guerre ou des migrations successives.
Durant deux années scolaires je les ai photographié, au travail ou lors d’ateliers dirigés. Deux années durant lesquelles la relation ne pouvant se restreindre aux simples mots s’est aussi développée par le regard et l’introduction de l’image.
Deux années aux défis multiples : apprendre à parler, lire, écrire, compter dans une langue qui leur est extérieure ; s’épanouir et acquérir une image positive de soi dans un contexte où l’on est perçu comme porteur de difficultés ; accepter peu à peu une nouvelle identité naissante, la faire sienne.
Deux années, parfois moins, durant lesquelles l’espace classe devient un lieu de transit que l’on s’approprie, un espace où la diversité est acceptée comme norme, un lieu marquant le passage entre celui d’enfant migrant à celui d’élève comme les autres.